Au revoir belle Ginger

C'est le 26 octobre 2019 que j'ai rencontré l'adorable Ginger et sa maman, Stéphanie. La jolie blondinette avait 7 ans, mais son allure de toutou lui donnait l'air d'un jeune chiot.

Après seulement quelques minutes en leur compagnie, j'ai pu constater le lien bien spécial qui les unissait. Elles avaient une belle complicité et Ginger faisait entièrement confiance à Stéphanie. Cette confiance aurait aussi pu être interprétée comme de la gratitude puisque depuis quatre ans la mignonne goldendoodle avait des ennuis de santé. Les vétérinaires spécialistes ont eu de la difficulté à poser un diagnostic précis. Après avoir cru à un trouble rare de la transmission neuromusculaire, les médecins sont arrivés à la conclusion que Ginger souffrait d’achalasie crico-pharyngienne. Euh, quoi? En gros, c'est un trouble neurologique au niveau du pharynx qui se manifeste par une difficulté à déglutir. C'est une maladie rare chez le chien qui l'empêche de se nourrir par lui-même. Le mauvais fonctionnement du mécanisme de la déglutition cause des renvois de nourriture et de liquides par la bouche ou le nez. Vous comprendrez donc l'importance de l'implication de Stéphanie dans la vie de Ginger.

La condition de la petite goldendoodle affectait son quotidien surtout lorsqu’elle s’excitait ou lors des promenades en été. Au repos, tout se passait assez bien. Ginger était très sociable, aimait courir et rencontrer d’autres chiens et des humains. Par contre, sa difficulté à avaler sa salive faisait qu'elle ne jouait presque plus même avec ses jouets car elle s’étouffait rapidement. La chaleur et l’humidité rendaient les choses encore plus difficiles pour elle car sa condition augmentait la production de salive.

L'heure des repas était particulière. Comme Ginger était gloutonne et ne mangeait que de la nourriture molle, Stéphanie devait la nourrir à la cuillère pour contrôler la grosseur des bouchées et éviter qu'elle mange trop vite. Ginger devait aussi manger en gardant la tête le plus haut possible pour s'assurer que la nourriture descende correctement vers l’estomac. Comme si ce n'était pas assez, la petite goldendoodle avait en plus développé un mégaœsophage. Cela est caractérisé par une dilatation de l’œsophage compliquée par un reflux gastro-œsophagien que la médication n'a pas réussi à contrôler.

La maladie avait tranquillement évoluée dans la dernière année et, malheureusement, il n'y avait plus grand chose à offrir à la pauvre Ginger. Elle avait des sécrétions très abondantes et pouvait régurgiter des tas de salive qu’elle n’arrivait plus à avaler. Elle toussait beaucoup et c’était devenu difficile pour son cœur. La spécialiste avait comparé cette situation à un humain qui s’étoufferait 50 ou 60 fois par jour en buvant un simple verre d’eau.

Portrait chien goldendoodle à l'automne

Imaginez le dévouement que cela demandait de la part de Stéphanie! Tout son quotidien tournait autour de Ginger. Elle avait une routine bien implantée à laquelle elle pouvait difficilement déroger autant pour les repas que pour les promenades. Quand Ginger s'étouffait la nuit, un peu comme une maman qui se lève en pleine nuit pour le boire de son enfant, Stéphanie se réveillait pour s'occuper de son bébé poilu. De l'amour, il en fallait et il y en avait beaucoup!

L'entourage de Stéphanie avait souvent l'impression qu'elle se privait de faire des activités pour pouvoir s'occuper de Ginger. Étant célibataire et solitaire, sa vie lui convenait très bien comme elle l'était. Une spécialiste en médecine interne lui a d'ailleurs déjà  dit que Ginger était chanceuse de l'avoir comme maman. Si elle s'était retrouvée dans une autre famille, elle n'aurait probablement pas vécu aussi longtemps. La vétérinaire avait aussi insisté sur le fait de ne jamais oublier la qualité de vie de Ginger malgré sa situation pénible. Je peux vous confirmer que Stéphanie est restée très à l'écoute des besoins et du confort de sa belle Ginger.

Je sais que pour certaines personnes, il sera très difficile de comprendre pourquoi Stéphanie a investi autant de temps, d'énergie et d'argent (on ne se le cachera pas!) pour sa petite goldendoodle. Quand je lui ai demandé ce que Ginger lui apportait malgré tous les sacrifices, elle m'a répondu :

Jamais je n’aurais cru pouvoir dire cela, mais Ginger est l’enfant que je n’ai pas et n’aurai jamais. À la base, je ne pensais pas que j’allais avoir un attachement aussi fort avec mon animal de compagnie. Il y a aussi le fait que j’ai vécu quelques épreuves dans les dernières années et elle a toujours été là pour moi. Elle ne m’a jamais jugée ou repoussée et ça m’a aidé à passer aux travers de ces épreuves. Aussi, elle m’apporte l’amour que je n’ai pas eu la chance de trouver auprès d’un compagnon de vie. Je sais qu’elle ne sera pas éternelle alors j’essaie d’en profiter au maximum et c’est pour cela que j’ai décidé de me dédier à elle et ce, tout simplement parce qu’elle me le rend au centuple.

Ginger a traversé le pont de l'Arc-en-ciel le 27 février 2020. Stéphanie a dû prendre la difficile décision de la laisser partir car son état général s'était grandement détérioré avec son lot de complications.

Chien goldendoodle sur un banc à l'automne

Inutile de vous dire que Stéphanie a le cœur brisé depuis le départ de sa Ginger chérie. Elle m'a aussi mentionné que sa vie est maintenant vide de sens. Ce vide, je le comprends pour l'avoir vécu après le départ de mon Colo. Même si d'un côté je me sentais soulagée qu'il ne souffre plus, j'étais soudainement seule après avoir tant donné. Pendant 42 jours, ma vie avait tourné autour de lui. J'avais peur de sortir trop longtemps et de le retrouver mort sur le plancher à mon retour. Colo occupait constamment mes pensées et, tout à coup, plus rien. Pour moi, cette situation n'a duré que 42 jours, mais Stéphanie l'a vécue pendant 4 ans. Il est donc facile de penser qu'elle puisse se sentir désemparée.

Je sais qu'un animal n'est pas un humain, mais comme il est démontré que le deuil animalier peut être aussi difficile que le deuil humain, je vais me permettre de comparer cette situation à celle que vit un aidant naturel suite au décès de la personne malade. Je fais cette comparaison parce que, peu de temps après la mort de mon ange d'amour, je suis tombée sur l'émission Simple Vedette | Proche aidant à Canal Vie. Cela m'a grandement aidée à comprendre ce que je vivais. Le deuil animalier et les sentiments qui l'accompagnent sont encore incompris par certaines personnes, mais l'amour que nous vouons à nos animaux chéris et le lien qui nous unit sont bien réels et ce, même après leur départ.

Lors de notre séance, la petite blondinette était en grande forme et était très enjouée. Elle sentait, courait et jouait. C'était beau de la voir si heureuse. L'adorable goldendoodle était habitée d'une belle joie de vivre et ce, malgré les épreuves qu'elle vivait. En plus de son charmant sourire, l’affectueuse Ginger s’harmonisait parfaitement au décor automnal. Ce fut une séance joyeuse agrémentée de belles couleurs et d'une magnifique lumière dorée. J'étais loin de me douter que cette petite boule de bonheur partirait presque quatre mois jour pour jour après cette agréable rencontre. Voici les images de l'album souvenir de Stéphanie qui démontrent très bien mes dires.

Mon travail prend tout son sens puisque ces images la montrent encore belle, enjouée et pleine de vie tel le souvenir impérissable qu’elle aura laissé.

Ce sont cependant les mots de Stéphanie qui sont le plus à même de décrire l’importance de cette expérience photographique.

"Geneviève est super patiente. J’ai apprécié qu'elle me fasse participer à la séance. J’ai contribué, d’une façon très minimaliste, à la création de ce souvenir! J’ai adoré l’expérience et je n’hésiterais pas à la recommander à quelqu’un qui cherche à se créer de merveilleux souvenirs avec son animal de compagnie!"

Repose en paix adorable Ginger. Ce fut un plaisir de te photographier et d'être témoin de cette belle complicité qui t'unissait à ta maman.

Ginger 21-09-2012 - 27-02-2020

Petit goldendoodle à l'automne


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